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Comme si de rien n'était...


À Bhopal, Jeffery prend le thé dans le palais de la bégum et boit du whisky. Il parcourt la ville avec chevalet et craies de pastel dans son rickshaw; s'installe aux carrefours, sur le site de l'usine sinistrée d'Union Carbide, au bord des lacs, àl'hôpital, dans la salle d'attente ou devant le jardin des simples ; partout des gens s'attroupent autour de lui. Ils font connaissance. Il reviendra.

La vie est là, les couleurs sont tendres : harmonies de bleus, de verts et d'ocres ; à peine quelques traits noirs pour l'usine et la voie de chemin de fer ; une seule note rouge, elle marque la pompe de la fontaine qu'une femme actionne...

L'air est nacré, les surfaces s'irisent de reflets plus sombres. Tout semble d'une douceur liquide, liquide comme le poison répandu, infiltré partout depuis bientôt 30 ans. Douceur létale.

Efficace du pastel. Poser la couleur en même temps que le trait, avec des pigments à la texture soyeuse, convenait particulièrement à ce travail tout de souplesse et de vivacité grave


Nicole Détourbe.

 


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